Elle s’appelle Julie, elle a quarante ans, un mari et une fillette. Parce qu’elle n’a pas trouvé d’emploi à la hauteur de ses diplômes, elle est caissière dans un super-marché depuis plus d’un an.
C’est elle que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame remplace en tant qu’otage. Il sait que le terroriste veut « tuer de l’uniforme ». Déjà trois morts, et la détermination morbide, suicidaire de l’assaillant ne laisse rien présager de bon. Arnaud est quasiment condamné. Mais il n’a pas hésité.
La suite, nous la connaissons, et elle est bouleversante à plus d’un titre.
Julie, gardant son sang-froid, est restée longtemps sous la menace d’une arme sur la nuque. Aujourd’hui, elle est miraculée, saine et sauve, bien vivante tandis qu’une autre femme pleure celui qu’elle devait épouser dans quelques semaines.
Julie a déclaré : « Il a donné sa vie pour moi, il s’est fait tuer pour que je vive ».
Au moment où la France rend hommage au geste héroïque d’Arnaud Beltrame, nous devons aussi nous souvenir que cette triste affaire, dans laquelle se mêlent violence et noblesse, nous parle de Celui qui s’est également substitué pour sauver les hommes menacés et condamnés par une mort programmée. Il a pris la place des otages du mal pour se laisser frapper injustement. Cette substitution et ce sacrifice pour qu’une personne – qui ne pouvait espérer pareil échange – puisse vivre, est tragiquement éblouissante : « Il a donné sa vie pour moi ! »
Cette réalité pourrait très bien devenir pesante pour l’otage libérée, voire culpabilisante et profondément insoutenable. Qui donc mérite qu’un inconnu donne sa vie pour nous ? Mais tous les proches du lieutenant-colonel le disent et le répètent : « Il était comme ça, prêt à tout au nom de la France et de son métier. Il ne pouvait pas faire autrement que de se donner. »
Nous sommes, en tant que chrétiens, d’anciens otages de la mort éternelle, et le « tenant lieu » de Dieu, Jésus, est venu au cœur de la violence pour la désarmer au nom de l’Amour et de son Père. Le devoir d’aimer. Il a donné sa vie pour nous. N’oublions pas ! N’oublions jamais à quel prix nous avons été sauvés.
Étymologie de lieutenant : celui qui tient lieu, qui représente le chef.