Les goulags étaient des camps de travail mis en place par la police politique d’URSS dans une période bien sombre du XXème siècle. On enfermait dans les goulags les gens qui pensaient autrement que le pouvoir en place. Or, la liberté de conscience est toujours une liberté fragile, une liberté menacée.
Clause de conscience
Par un récent reportage vu à la télévision, on apprend que plusieurs hôpitaux publics français ne permettent pas de pratiquer l’interruption volontaire de grossesse. Ces hôpitaux expliquent leur position par la clause de conscience inscrite dans la loi française. Voici ce que stipule cette clause de conscience : “un médecin ou une sage-femme n’est jamais tenu·e de pratiquer une interruption volontaire de grossesse”. Ce texte officiel permet donc au corps médical de refuser l’avortement.
Ce qui semble normal a été présenté, par la journaliste, comme une entrave grave et un risque fort pour les femmes qui souhaitaient se faire avorter. Voilà une façon bien singulière de manifester l’objectivité chère aux journalistes. Mais ce n’est pas sur ce point que je voudrais m’arrêter.
La parole muselée
Ce que je trouve heureusement juste, dans la loi Veil, c’est la clause de conscience qui permet à un médecin de ne pas pratiquer d’avortements et donc de renvoyer la patiente vers un autre médecin pour qui l’avortement ne pose pas de problème.
C’est cette clause de conscience qui a fait dire récemment, au docteur Bertrand de Rochambeau, président d’un syndicat de gynécologues, qu’il était personnellement contre l’avortement.
Pourtant, cette prise de position, tout à fait recevable puisque la loi lui en donne le droit, a tout de même été fortement critiquée par la ministre de la Santé, et par la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes. Ce qui prouve combien aujourd’hui la parole est muselée, même quand elle est autorisée.
Des maires dans la tourmente
Imaginez ce qui arrive quand la loi ne permet pas d’avoir un autre avis que la majorité…
Jugez plutôt ! Une nouvelle loi autorise aujourd’hui en France, comme dans de très nombreux pays occidentaux, le mariage de deux personnes de même sexe. Cette loi a suscité bien des remous et continue à provoquer bien des tensions. De nombreux maires ne sont pas d’accord avec cette loi et ont souhaité ne pas être obligés à célébrer ces unions. Ils souhaitent pouvoir user, eux aussi, d’une clause de conscience.
À noter que cette clause de conscience avait été promise par le président de la République d’alors, Monsieur Hollande ! Mais elle n’a jamais été inscrite dans la loi. Et aujourd’hui, les maires refusant de célébrer un mariage entre personnes de même sexe s’exposent à des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et à 75 000 euros d’amende !
Demande de liberté
Dès 2016, un collectif de 146 maires et adjoints aux maires s’est tourné vers la Cour européenne des droits de l’homme pour réclamer la liberté de refuser de célébrer des mariages entre personnes de même sexe, et c’est plus de deux ans plus tard, fin 2018) qu’une réponse est arrivée de Strasbourg. Une réponse surprenante : la Cour européenne des droits de l’homme, par la voix du seul juge qui s’est penché sur le dossier, a répondu négativement à la requête : les maires et les adjoints n’ont pas le droit de refuser de célébrer ces mariages.
Liberté chérie
Je rappelle que pour ces maires, il n’était pas question d’empêcher ces mariages, mais simplement qu’ils ne soient pas contraints de les célébrer eux-mêmes s’ils se trouvaient en situation de devoir le faire.
Les libertés sont des choses fragiles, et la liberté de conscience demeure un combat à mener parce que sinon, nous ne sommes plus que dans des dictatures. Or, il me semble que la parole libre et la liberté de conscience, sont aujourd’hui de plus en plus dissoutes dans des goulags idéologiques.
Précisions : L’affaire évoquée n’est pas terminée puisque le collectif de maires se tourne désormais vers d’autres instances mondiales pour revendiquer la liberté de conscience.