“Je te connaissais avant même de t’avoir formé dans le ventre de ta mère ; Je t’avais mis à part pour Me servir avant même que tu sois né.” Jr 1. 5
Un jour, Jésus croise la route d’un aveugle et les disciples interrogent le maître : ”Pourquoi cet homme est-il aveugle ? Est-ce un châtiment par la faute des parents, ou est-ce de sa faute ?” Outre que la question est étrange et plutôt malsaine, la réponse de Jésus est troublante : “C’est pour qu’en lui tous puissent voir ce que Dieu est capable de faire” (Jn 9. 3). Jésus va guérir la cécité de cet homme dont on avait dit qu’il était aveugle de naissance, et dont on apprendra, dans la suite du récit longuement relaté par Jean, qu’il est adulte et “assez grand” pour expliquer ce qui lui est arrivé. Autrement dit, l’homme est né aveugle plusieurs dizaines d’années avant que Jésus – par hasard ? – passe par là pour le guérir et pour que ce miracle interpelle tous les témoins, en espérant que cela entraîne au moins la foi de quelques-uns. Comment ne pas penser à cet homme qui a subi la cécité toute sa vie, au grand désespoir de ses parents ? Comment ne pas trouver étrange que Dieu puisse anticiper le jour où son fils fera un miracle, sans avoir pitié pour l’homme qui, en attendant, vit le calvaire d’un aveugle ? N’a-t-il pas souffert de son infirmité, de sa piètre condition, de ses limites, de ses manques, des a-priori qui laissent parfois entendre que s’il est ainsi, c’est qu’il y a une faute, une punition divine, un châtiment à son endroit ! Jésus dit : “Il est ainsi pour qu’aujourd’hui, vous soyez éclairés sur la puissance de Dieu” Mais l’aveugle n’en a-t-il pas fait les frais ! La suite de l’histoire montre un homme guéri tout heureux, avec de l’humour et même de l’impertinence à l’égard des religieux qui ne “voient” pas ce qui se passe. Il n’y a pas, de sa part, de rancœur, de rancune contre Dieu. Certainement parce que Dieu n’est pas entré dans sa vie seulement le jour où il a rencontré Jésus. Dieu était là, avec lui, bien avant.