LE PRIX DE LA PROTECTION

Quand Abraham quitte la Mésopotamie pour les déserts de Canaan et répond ainsi à l’appel de Dieu, il quitte aussi une ville et une société que l’on peut dire avancées.

Le nomadisme – qui sera désormais sa vie – peut paraître bucolique, sympathique, champêtre et pastoral, c’est aussi et surtout un examen de passage, de passage en passage. 

Partir

Quitter une société bien établie pour une vie pastorale, c’est devenir berger là où on était mouton. L’errance et la migration sont une espèce de refus, un éloignement de tous les systèmes politiques, économiques et sociétaux trop bien ordonnés, surtout lorsque ces derniers s’organisent autour d’un pouvoir central. 

Or, la Bible se méfie de la ville (et de ce qu’elle représente) depuis que la première a été fondée par un meurtrier nommé Caïn.

C’est sans doute pour cela qu’elle propose toujours un élargissement, provoquant ainsi le mouvement perpétuel, le changement permanent plutôt que la stagnation et l’inertie qui paralysent.

Retourner

Le nomadisme n’est pas un mode de vie de tout repos pour autant. En effet, dès après que le patriarche a commencé à sillonner le pays promis, de génération en génération, la situation économique fragile l’oblige, lui et sa descendance, à trouver régulièrement des refuges, des lieux de replis. L’attraction de la ville fortifiée devient alors une tentation.

C’est souvent la famine qui contraint Abraham ou les enfants d’Israël, à trouver le secours dans un retour à la cité, auprès d’un État fort où s’exerce le Pouvoir. L’Égypte en est l’archétype.

L’État offre alors la protection recherchée et espérée, mais c’est au prix de la liberté. Protégés, mais conduits dans un harem (c’est le cas de Sarah, l’épouse d’Abraham) ou dans une position d’esclave (Joseph, puis les Hébreux).

Voilà qui mérite réflexion.

Découvrir

Nous érigeons des systèmes où la protection légitime de chaque individu impose des mesures restrictives illégitimes faisant de cet individu un prisonnier volontaire.

Dans le monde de la criminalité, le parrain (celui qui se substitue au père) protège, mais il réduit également les libertés en contrôlant tout, jusqu’à imposer une certaine forme d’enfermement.

Les Pharaons ne sont pas tous morts !

La Bible, qui pointe la perversion de nos organisations, nous présente aussi quelqu’un qui protège tout en respectant la liberté de chacun ; celui-là est Amour. C’est la différence entre le Père Éternel et le parrain temporaire.

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