RÉSISTER

Un processus vers la liberté

Que se passe-t-il lorsque l’État devient tyrannique ?

Le Français sera certainement fier de pouvoir répondre à cette question en évoquant la résistance et la révolution inscrites dans son ADN. Cependant, il y a eu, dans l’Histoire de France, beaucoup plus de despotes et de dictateurs, de monarques et d’empereurs (voire de présidents) que de révolutions notables. Il en faut donc plus pour être convaincu.

De mutinerie en protestation

Pour répondre à cette interrogation cruciale, il est plus efficace de sonder la Bible, laquelle peut nous instruire même sur pareil sujet.

Dans le livre de l’Exode, le narrateur relate l’histoire d’un peuple qui, réduit à l’esclavage, parvient à recouvrer la liberté avant de devenir une nation indépendante, Israël.

Pour vivre cet important changement de statut, le peuple doit passer par l’épreuve du désert, une longue traversée sous la direction de Moïse, le libérateur.  

Mais cette épopée, qui durera 40 ans, a commencé bien en amont, avec trois actes de résistance contre le Pouvoir.

Il y a le Pharaon qui, dans un premier temps, ordonne aux sages-femmes de tuer tous les enfants mâles naissants dans le camp des Hébreux. Ces femmes, vraiment sages face à la folie du Pharaon, refusent d’obéir aux ordres. Premier acte de rébellion.

Puis entre en scène un couple hébreu qui décide de cacher la naissance de leur fils à la police du Pharaon, et la fille du monarque qui sauve l’enfant en sachant pertinemment son origine. Elle enfreint ainsi les directives de son propre père. Deuxième acte de résistance.

Enfin, et plus tard, Moïse, l’enfant sauvé et élevé par la fille du Pharaon, est désormais adulte. Il est témoin d’un acte de maltraitante sur un Hébreu de la part d’un Égyptien. Moïse tue l’Égyptien et cache son cadavre. Troisième acte de révolte.

On peut noter, dans ces trois situations, une fronde manifeste à l’encontre du Pouvoir et de ses représentants.

Objection de conscience

C’est dans cette ambiance lourde et oppressante que la figure du « sauveur » se dessine. Le libérateur va naître au coeur de l’oppression, passant au travers d’ordres permissifs, grâce à des actes de refus de personnes s’opposant au dictat du Pouvoir. Jusqu’à ce que sonne l’heure de Dieu.

Mais en attendant, qui a inspiré ces actes rebelles initiaux ? 

Un certain sens de justice et de liberté au coeur même de la contrainte et de l’oppression. 

Les auteurs de ces actes héroïques semblent avoir fait ce qu’en conscience, ils pensaient normal d’accomplir. Ils n’ont pas agi pour répondre à une directive extérieure, ni à une interpellation divine, ni à une vision quelconque. Ils ont agi spontanément.

Au milieu de ce qui est tordu, il y a des êtres droits dont le sens de l’autre est plus grand que le désir de se sauver soi-même. C’est d’ailleurs ce qui différencie les grands hommes capables de bouleverser le cours d’une histoire scabreuse de ceux qui courbent l’échine soit par manque de courage, soit parce que trop écrasés. 

Saisir le sens

La libération totale des Hébreux du joug égyptien interviendra longtemps plus tard, après que Moïse ait passé 40 ans au désert, loin de l’influence et du formatage d’un État dictateur.

Moïse sera l’homme providentiel, sans pour autant connaître une belle popularité, et seulement lorsqu’il aura compris que l’initiative de l’action n’est ni spontanée, ni personnelle, mais qu’elle répond à un appel très précis. Un appel qui le dérange avant de le dépasser.

On ne s’improvise pas leader, libérateur, guide ou sauveur, mais on y est préparé, parfois depuis longtemps, par des circonstances qui prennent alors tous leurs sens.

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