VOIR LES CHOSES AUTREMENT

Éric Denimal

Pour tout vous dire, la période de Noël-Nouvel-An n’est pas l’époque de l’année que je préfère. 

Je ne sais pourquoi, c’est une période où je n’ai pas trop le moral.

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Les illuminations des villes, la musique joyeuse dans les magasins, les rayons débordant de choses plus appétissantes les unes que les autres, la course aux cadeaux, l’avalanche des bons voeux… Non vraiment ! Comme dirait ma petite fille : Je Kiff pas !

Pourtant Noël, c’est la fête qui rappelle la naissance du Christ, la venue du Fils de Dieu au cœur d’une humanité qui a besoin de Lui.

Et j’aime Jésus ! Et je suis reconnaissant qu’Il me sauve, même si je trouve que c’est chèrement payé puisque de la crèche toute sympathique et attendrissante, Jésus termine à la croix, cruelle, humiliante et surtout mortelle.

Noël, ce devrait être, pour le chrétien que je suis, le moment le plus exaltant qui soit, mais voilà : j’ai plutôt le cœur triste.

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Pourquoi ?

Je ne vais pas dire, comme on le redit sans cesse dans les églises, que Noël nous a été confisqué, à nous chrétiens, au profit du dieu du commerce qui est, en même temps, le dieu des voleurs ! (Ça ne s’invente pas !)

Je ne vais pas répéter comme trop souvent, que Noël est devenu le jour de gloire de Mammon – le dieu de l’argent – plutôt que celui du Dieu de la Bible.

Je ne vais pas culpabiliser mes auditeurs, comme c’est si facile de le faire, en disant que nous gâtons trop nos enfants et que nous mangeons trop, buvons trop, en ce temps de fêtes alors que tant d’hommes, de femmes et d’enfants manquent du nécessaire dans le monde.

Je ne vais pas sacrifier à la banalité et jouer sur les mots pour dire que le cadeau qui compte, ce n’est pas celui que l’on reçoit, mais celui que l’on donne.

Alors, que vais-je dire ?
Joyeux Noël – Bonne fête ! … Bien sûr ! Mais quoi d’autres ?

Bonne Année ! Bonne santé ! … Naturellement, mais encore ?

J’ai l’impression que je n’ai que de la tristesse au fond du cœur alors que je prépare les cadeaux dans des emballages scintillants qui devraient faire scintiller les yeux des heureux bénéficiaires.

Sans vouloir plomber l’ambiance : que faire et que dire lorsque le superficiel évident de ces fêtes prétextes est tout aussi artificiel que certains sapins, ou certaines neiges.

Tiens ! Parlons de la neige ! Il y en a en haute montagne cette année et les stations se frottent les mains. Mais même les neiges ne sont plus éternelles !

Ce qui était naturel disparaît sous nos yeux, et nous devons inventer des machines pour remplacer ce que nous avons contribué à faire disparaître.

Il en est de la neige comme de Dieu, Celui qui nous offre le meilleur de Lui-même à Noël, celui que le monde détrône tout le reste du temps de l’année, sera bientôt remplacé par une machine.

Que dis-je !

Bien sûr qu’il est déjà remplacé par la machine à fabriquer de la joie et du bonheur factice ; il suffit de regarder l’arsenal développé tout autour de nous. Les villes déploient toutes sortes d’artifices pour susciter un esprit festif… tout en interdisant les crèches de Noël trop connotées.

Dieu donne, à Noël ! Les hommes transforment le don en marché ; en marchés de Noël, bien sûr !

Étonnant d’ailleurs que l’on dise encore « marché de Noël » quand l’Éducation nationale ne dit plus « vacances de noël » mais « vacances d’hiver », tout comme elle ne dit plus « vacances de Pâques », mais de Printemps !

La machine laïque commerciale semble bien huilée, et elle offre l’illusion que tout est bonheur, beauté, joie, partage. Mais où est le vrai sens de tout cela ?
On dirait que Jésus n’a toujours pas de place dans l’hôtellerie. Pas de place dans notre monde. Il est relégué dans le coin sombre d’une grange à partager.

Un bon nombre de chrétiens ne veulent plus fêter Noël en réaction à ce qu’est devenu cet événement. Ils ne souhaitent plus être complices d’une usurpation, d’une confiscation, d’une confusion.

Parfois, je pense qu’ils ont raison et qu’il faut arrêter de jouer dans cette mascarade, et donner crédit au mensonge.

Mais je résiste à cette tentation d’abandon. Il y a déjà tant de terrains que nous avons abandonnés, nous chrétiens, que nous ne serons bientôt plus nulle part pour dire la Vérité. De repli en repli, nous participons nous mêmes à « l’enlèvement de l’Église ».

Photo by Mike Arney on Unsplash

Notre absence ne fera que donner raison à ceux qui veulent nous voir reculer, et reculer encore jusqu’à ne plus être sur la scène du monde.

Le dessein de Dieu est à reconsidérer. Il n’est pas d’imposer Son Fils. S’il avait voulu le faire, il aurait mis en place un scénario bien différent qu’un petit enfant dans une étable, dans une province éloignée, chez des parents humbles et pauvres. Il aurait fait surgir « le roi des Juifs » à Jérusalem, et les mages ne s’y seraient pas égarés. Hérode aurait été évincé plus tôt et les anges aurait proposé leur chorale à l’univers tout entier plutôt qu’à un petit groupe de bergers oubliés dans la nuit.

Il nous faut nous souvenir, ici encore, que la sagesse des hommes est totalement bousculée par la folie de Dieu.

C’est au travers de choses insignifiantes que Dieu se manifeste toujours. 

Ce sont les oubliés, les délaissés, les mis de côté qui portent en eux, in fine, la gloire de Dieu.

Jésus n’a jamais dit qu’ici et maintenant, Il serait accepté. Ni que le monde tournerait autour de Lui spontanément.

  • Il a dit de patienter
  • Il a dit de persévérer
  • Il a dit de veiller
  • Et surtout, Il a dit qu’il revenait.
  • Voilà une actualité inattendue ! 

De fait, il ne faut pas regarder Noël avec les yeux rivés sur le passé et l’épisode de Bethléem trop lointain. Il faut cesser d’être nostalgique de ce qui est bien passé. Il faut regarder Noël comme la 1ère partie du contrat de Dieu, parfaitement accompli et précurseur de la 2ème partie du contrat qui ne peut qu’arriver bientôt.

Le prochain Noël de Dieu sera tellement différent du Noël des hommes !

Et ma tristesse se transforme en espérance.

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